1915 : La guerre s'enlise dans les tranchées

1915-2015 : 100 ans de musée à Forcalquier

1915-2015 : 100 ans de musée à Forcalquier

1915 : La guerre s'enlise dans les tranchées

De la guerre de position à la guerre de mouvement

 

Depuis l’hiver 1914, à la guerre de mouvement très meurtrière a succédé une guerre de position sur le front de l’Ouest. De la mer du Nord aux Vosges, les belligérants se font face dans des tranchées. Dès lors, la guerre prend un visage industriel encore plus marqué. Les combattants subissent des bombardements de plus en plus massifs et redoutent les ravages des mines et des gaz. Localement, l’usine de Saint-Auban produit des gaz de combat.

 

Les tentatives de rupture du front se heurtent au barrage des mitrailleuses et couchent dans le no man’s land des milliers de poilus. Parmi eux, 22 soldats originaires de Forcalquier tombent à Flirey (Meurthe-et-Moselle), en Argonne, dans les Vosges, à Gallipoli…

Tranchée

Récit du soldat Louis Escoffier du 163e RI, dans le journal Le Bas-Alpin, 28 février 1915

 

« Ma plume reste impuissante à décrire les horreurs de la guerre, il faut en être le témoin pour s’en faire une idée exacte. Quel vacarme infernal quand les canons tonnent de toutes parts mêlés au bruit des mitrailleuses, au crépitement de la fusillade. Nous n’avons rien de pareil à nos fêtes de Saint-Pancrace de Forcalquier! Les simulacres de combats entre nos deux collines sont bien pâles à côté de ce que nous voyons et nous entendons ici! Dieu quelle musique!! Malgré cela nous ne perdons pas notre sang froid, nous allons toujours de l’avant. Les atrocités des Allemands exaspèrent et semblables à des bêtes furieuses nous fonçons sur l’ennemi, nous voyons rouge.

 

Comment pourrait-il en être autrement quand on a devant soi des ennemis cruels et barbares qui emploient les balles explosives, la baïonnette dentelée, qui achèvent les blessés, qui tirent sur les ambulances, incendient les villages, massacrent les vieillards, les femmes, les enfants. Dieu! Que cela ressemble peu à notre vie paisible de Forcalquier!!! »

Forcalquier vit au rythme du confit

 

Le journal local Le Bas-Alpin donne des comptes rendus des opérations militaires et nourrit sa rubrique « Nos soldats » par des lettres du front, des récits, des annonces de décorations de combattants, mais aussi par des avis de décès… L’ambulance militaire et l’ouvroir Jeanne d’Arc, créées le 7 octobre 1914 continuent pour d’accueillir des malades et blessé et d’envoyer des vêtements aux combattants. Au mois de mars, les habitants sont mis à contribution pour reccueillir des réfugiés originaires du Nord et de l’Est. Et en juin 1915, la commune demande à recevoir des prisonniers de guerre pour effectuer les travaux agricoles.

 

Le 26 septembre, Le Bas-Alpin constate que plus de 50 « enfants du pays » sont morts et le 21 novembre, Martial Sicard dresse dans ses colonnes la liste des 57 soldats forcalquiérens (originaires ou résidents, dont 6 disparus) morts pour la France et relate l’émouvante cérémonie du 11 novembre dans la cathédrale en leur mémoire. Il faut se résigner : la guerre va durer et avec elle s’allonger la liste de ceux qui ne reviendront pas…

 

Louis Amic Louis Amic
Ernest Blanc Ernest Blanc
Fostin Callu Fostin Callu
Auguste Chabrier Auguste Chabrier
René Comte René Comte
Pierre Faraud Pierre Faraud